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litt us - Page 2

  • En bref

    dog_s_tale_twain.jpgA dog's tale, Mark Twain

    Avis chrono'

    Une nouvelle, par le celèbre auteur de Tom Sawyer (que de bons souvenirs!) dont la narratrice n'est autre qu'une chienne. L'écriture est magnifique, on dévore l'histoire en deux bouchées et si l'on devine peu à peu la chute, elle n'en est pas moins très émouvante. A ne pas manquer. Existe sûrement en français...


    extenso.jpg"My father was a St. Bernard, my mother was a collie, but I am a Presbyterian."

    Ainsi débute cette nouvelle, et l'ensemble du texte sera sur le même ton, subtil et drôle. Première originalité, le récit est fait par un personnage inattendu, une chienne. Les premières pages nous décrivent sa jeunesse, sous l'influence d'une mère sage et curieuse, qui glâne auprès des humains le plus de mots nouveaux et savants possibles, pour les ressortir en société canine (avec plus ou moins de pertinence...) et faire ainsi son petit effet.

    Toute imprégnée des valeurs maternelles, la jeune chienne est alors placée dans une nouvelle famille et le seconde partie du récit commence. La tonalité sera très différente, pour terminer sur un passage très émouvant, qui découle logiquement de tout ce qui précède, de la psychologie des personnages, comme il se doit à mon sens dans une nouvelle bien construite.

    On ne peut pas réellement parler de chute, néanmoins j'ai été assez surprise de l'intensité de cette histoire, véritable plaidoyer en faveur de l'animal et beau morceau de littérature, ce qui ne gâche rien.

    Si ce n'est pas assez clair, je me répète: lisez-la, elle est courte, efficace, tout public.


    J'en ai terminé avec les lectures en anglais, pour le moment.

    Prochain épisode: un machin sorti de nulle part dont peu d'entre vous, je suppose, auront entendu parler... Vous relevez le pari?


    EDIT: Anou, toujours aussi efficace vient de me communiquer un lien vers la nouvelle intégrale, en français, qui s'intitule (que c'est moche) L'histoire d'une chienne.


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  • Le retour des 60's

    couleur-sentiments.jpgLa couleur des sentiments, Kathryn Stockett

    Avis chrono'

    Un succès mérité pour ce roman sans prétention, qui traite de la condition des bonnes noires, aux Etats Unis dans les années 60. Entre colère sourde et prudence, les prémisses d'une prise de conscience, avec la figure emblématique de Martin Luther King en toile de fond.


    extenso.jpgVous connaissez Jackson? Meuh non, pas le gars qui changeait de couleur... Je parle de la ville de Jackson, Mississippi, Etats-Unis. Qui change pas vraiment de couleur, elle.

    1962, toute puissance des lois raciales. En cuisine, les bonnes noires s'occupent de faire tourner la maison, elles élèvent les gamins de leurs patrons blancs, en attendant qu'ils grandissent, prennent conscience de la couleur de leur peau et oublient celles qui les ont élevés. En échange, elles ont tout juste le droit d'aller pisser au fond du jardin dans des cabinets "à part". Pour éviter la contagion.
    Ce qui conduira à une scène cocasse, dans le jardin de Hilly.

    Ce livre a connu un certain succès, surtout au moment de la sortie du film. C'est mérité, puisque ça se lit très facilement, que ça véhicule tout plein de pensées très correctes, contre le racisme, pour la tolérance et que tout est bien qui finit bien...

    Mettons de côté les facilités grand-public, quelques points méritent des applaudissements. Chacune des héroïnes détient une sorte de secret. Dès le début, pour bien nous accrocher, on nous laisse entendre que quelque chose s'est passé, que quelque chose n'est pas dit et il faut bien évidemment attendre un bon moment avant d'avoir les clés des différentes énigmes, savamment délivrées au compte-gouttes.

    C'est addictif et pour une fois, ça n'est pas complètement bidon, ça apporte un plus à l'histoire. Le secret de Minnie, à lui tout seul, nous tient en haleine. Celui de Celia, un peu plus prévisible.

    L'autre point fort du roman, celui qui a ma préférence, c'est Aibileen, quarante ans de service dans diverses maisons. Plus encore que sa façon de se révolter, petit à petit, j'ai aimé ce que le personnage arrive à dire de l'enfance, au travers des portraits des petits dont elle s'est occupée. C'est un thème secondaire qui a attiré mon attention parce qu'il était vraiment touchant et nuancé.

    L'enfant que l'on élève, parfois bien plus que les parents eux-mêmes, l'enfant qu'on aime un peu comme le sien mais qu'on finit par devoir laisser, parce qu'il a grandi, et pire encore, parce qu'en grandissant il a intégré, enfin, qu'il appartient, socialement, à un autre monde, un monde supérieur, c'était vraiment bien vu.

    J'ai oublié le nom de la petite dont Aibileen s'occupe, à laquelle elle raconte chaque jour une petite histoire, apologue pour la tolérance, comme on sème une petite graine, avec espoir et sans savoir si elle finira par porter ses fruits...

    Et la lutte presque centimètre par centimètre pour que cette fillette gagne un peu de confiance en elle et ne souffre pas trop du peu d'intérêt que lui porte sa mère...

    J'aime quand un roman a quelque chose d'enrichissant à dire, qui n'est pas son propos principal, mais qui "rampe", comme ça, en fond...

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  • Son et lumière

    les sorcières de Salem, arthur miller, théâtre, litt us, tragédie, farce, hystérie, scène mélo au possible, roulage de filles par terre, dans à poil dans la forêt, injustice, accusations non fondée, snif snif, ô mon dieu l'esprit d'A. Miller est là dans mon salon, il vient me punir de m'être moquée de son texteLes sorcières de Salem, Arthur Miller (plus ou moins)

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    Avis chrono'

    Un grand classique de la littérature américaine. J'ai beaucoup aimé, pour de mauvaises raisons: j'ai trouvé ça complètement délirant, grandiloquent, mélodramatique... J'ai beaucoup ri! Il paraît que Miller voulait remettre au goût du jour le grand héros mâle tragique. Soit. Je ne rigole pas autant avec Racine, c'est vrai.

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    Le titre sonnait agréablement familier à mes oreilles, j'ai donc été plutôt surprise de m'apercevoir que non, en fin de compte, je ne connaissais pas le contenu de la pièce, inspirée de faits réels:  Dans une petite ville, une poignée de gamines se font toper en train de danser à poil dans la forêt et se prétendent possédées par sorcellerie...

    A partir de là, la machine judiciaire d'un petit village puritain s'emballe. Le révérend est un imbécile arriviste, les juges sont d'une crédulité rare et les jeunes filles, menées par celle qui a le plus intérêt à perdre la réputation des autres, sont tellement pures et innocentes qu'on ne peut que les croire sur parole.

    Les arrestations arbitraires se multiplient, on use de la torture pour faire avouer les récalcitrants et ceux qui n'ont rien à avouer sont d'autant plus suspects et donc, manipulés par le malin: hop, à la potence.

    Il y a, en effet, de la tragédie dans cette horrible progression d'une justice inique. Ou plus précisément, une justice qui pense tellement à l'image qu'elle donne d'elle-même que quand le doute s'insinue, tous conspirent à l'étouffer. En celà, la pièce est efficace, à qui est-ce que ça ne parle pas, cette crainte d'être accusé à tort et conduit à la mort par la faute d'une méchante gamine? Ce petit frisson de peur que l'on repousse en se disant que de nos jours, non, ça ne pourrait plus arriver... Que c'est absurde de devoir avouer un crime que l'on a pas commis pour sauver sa peau.

    Pär contre: bondieuseries diverses, propos apocalyptiques, déchaînement du ciel et de l'enfer, auto-strangulation, grande scène de possession durant laquelle toutes les jeunes filles se mettent à répéter les paroles de la meneuse, en coeur, avant d'entrer en transe... A cet endroit s'arrête mon adhésion à la petite tragédie décrite ci-dessus. L'hystérie collective, lue comme ça, ce n'est pas efficace. J'ai brusquement eu l'impression de lire une farce. J'ai tellement ri parfois que j'en avais les larmes aux yeux.

    Je m'en suis voulue, d'autant que quand Miller écrit sa pièce, en 1952, la chasse aux sorcières est à nouveau d'actualité... L'allusion à la traque des communistes est on ne peut plus claire.

    Cependant... cependant, je reconnais que peut-être c'est là un de ces textes qui ne prennent de l'ampleur que sur scène. C'est bien possible. Correctement joué, ces pauvres filles manipulées, ces malheureux qui se succèdent au tribunal... ça pourrait avoir de la gueule... Joker!  J'attends de voir, un jour, peut-être.

    Un dernier mot sur le grand héros mâle, John Proctor, qui se dresse, seul, contre l'ensemble de ce système injuste et après avoir plusieurs fois pleurniché sur ses péchés (il a couché - alors qu'il est marié - avec la jeune fille qui a lancé toute l'histoire, celle qui se roule par terre au tribunal en hurlant qu'elle voit des esprits) ne sait s'il doit mourir en sauvant son honneur ou avouer... Lui, il vaut son pesant de cacahuètes... Tssss... N'importe quoi...

    J'ai quelque chose à avouer, moi aussi: au moment de prendre le livre à la bibli, je n'ai pas eu le choix de l'édition. J'avais déjà fini ma lecture lorsque, échangeant mes impressions avec une amie, je me suis aperçue que son texte était dix plus mélo que le mien. Là où moi j'avais de sobres apitoiements, elle en avait le double de longueur en pleurs, en arrachage de cheveux et même, à la fin de son texte les femmes s'évanouissent aux pieds du héros et l'une pleure à genoux en mouillant la main de John de ses larmes >< 

    Quand je pense que je trouvais déjà ma version un peu ridicule...

    N'empêche, après vérification, j'ai vu (enfin) que mon livre était une "adaptation par M. Aymé"... J'ai été profondément choquée (de ma bêtise, d'abord!). Je déteste les adaptations, les textes tronqués, manipulés, etc. L'idée d'avoir lu une pièce qui n'était pas du tout proche de l'originale... Je l'ai lue sans l'avoir lue, en fait... J'en suis encore perturbée et je sens que je ne serai apaisée qu'après avoir relu une traduction fidèle.

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  • L'épine dans mon pied

    colum_mccann_etquelevastemonde.jpgEt que le vaste monde poursuive sa course folle, Colum McCann

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    Avis pas chrono'

    Très belle écriture, mais pour moi, une grande déception, à la limite du rejet. Le ton n'était pas celui que j'espèrais et l'histoire, bien trop sombre à mon goût, n'éveille chez moi aucun écho. Un livre qui m'est resté étranger.

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    Deux mois pour donner mon avis... Le grand vide sur le blog c'est à cause de ce maudit roman, qui avait un titre tellement poétique et une couverture nuageuse à souhait.

    Je l'ai lu, j'ai été terriblement déçue. Encore de l'alcool, des prostituées, l'amérique urbaine, détestable. Les pauvres petits personnages,  dont Corrigan, le prêtre irlandais, insectes perdus dans un univers hostile, qui surnagent à peine. Lourd, lourd, très lourd, tout ça, triste et poisseux. Morne.

    Une très belle écriture. Un exercice de style,même.

    Je n'ai jamais réussi à accrocher. A peine un frémissement, dans le dernier tiers du roman, après l'ultime changement de point de vue. Des femmes. Des geeks. Un peu plus mon domaine.

    Pourtant, on sait combien j'aime ces romans techniquement bien foutus, cohérents, avec un pivot, des histoires satellites... C'est conçu comme un Jonathan Coe. C'est encore mieux écrit (exception faite de cette manie de vouloir copier des tournures orales). Mais sans aucun humour. Un gros caillou dans l'estomac, qui a beau être un lingot d'or, çe ne le rend pas plus digeste.

    Le funambule est le fil conducteur, c'est le cas de le dire. Il sert à la fois de repère géographique et chronologique. Autour de lui défilent ces petits ou ces grands drames de la vie moderne. On enfile: morts, deuils de fils tué en Irak, couples qui s'effilochent, brèves étreintes sans avenir...

    Je ne dis pas qu'il n'y a pas eu quelques pointes d'amour et d'optimisme. Mais c'était froid, suis restée froide.

    L'ultime petit détail qui n'a l'air de rien: j'avais pris des notes sur ce livre, péniblement. Quelques mots. Et quelques citations. Et au moment d'écrire mon billet, impossible de remettre la main dessus. J'ai cherché pendant des jours, bizarrement incapable de faire sans... Deux trois fois par semaine, je me mettais à soulever les coussins du canapé, à regarder sous le lit. J'ai voulu m'en passer, mais c'était impossible. Un blocage.

    Ce matin, je sors le livre de l'étagère "purgatoire" (après la P.A.L, avant l'archivage en bibliothèque). Et là, un marque page rose, à l'intérieur... Aucune note, en fait. Rien que trois numéros de pages...  ><

    Maintenant, je peux enfin me débarasser de cette épine dans le pied de mon blog:

    Page 237 (ça, c'est tout moi!): "Quand on programme aussi, le monde rapetisse et ne bouge plus. On oublie tout le reste. C'est comme une transe. [...] On trouve un rythme de croisière. On continue. [...] ça peut être un programme de reconnaissance vocale, ou pour jouer aux échecs, ou une appli pour un radar d'hélicoptère, c'est pareil: le seul truc qui compte, c'est la prochaine ligne de code. Les bons jours on peut en écrire mille. Quand ça va pas, impossible de trouver celle qui fout tout par terre."

    Page 277 (ça c'est moi aussi...): " Je pense qu'elle est encore plus inutile qu'il y cinq minutes, quand elle servait déjà à rien."

    Page 320 (et ça, ça m'évoque quelque chose...): "Les crimes étaient commués en délits. Une forme comme une autre de démolition. Il fallait manoeuvrer la pelleteuse. On le jugeait sur la façon dont il jugeait: moins il donnait de travail aux collègues à l'étage, plus ils étaient contents de lui. 90% des affaires - même des infractons graves - devaient être classées sans suite. "

     

    P.A.L à 87 --> 79

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  • Le freak c'est chic

    de l'eau pour les éléphants, sara gruen, roman, litt us, cirque, monstre, freak, éléphant, amour, jalousie, tous les bons trucs pour faire un bon roman, surtout l'éléphant2j%27aime.jpgDe l'eau pour les éléphants, Sara Gruen

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    Avis chrono'

    Un soupçon de paillettes, une poignée de bêtes exotiques et une forte dose de barbarie, toute humaine celle-là. Immersion très réussie dans l'univers itinérant d'une cirque durant la Grande Dépression.

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    Ce roman était dans ma liste à lire, j'ai eu du flair en l'offrant à ma mère à l'occasion d'un we: puisqu'elle l'a dévoré dans la nuit, j'ai pu repartir avec!

    Quel voyage! Je ne m'attendais stupidement pas à un narrateur masculin, influencée par la couverture et par le genre de l'auteure. Au tout début  j'ai été agacée par le procédé éculé du vieillard qui se plonge dans ses souvenirs de jeunesse, mais rapidement, l'histoire a éclipsé ces petits détails et mon sale esprit critique s'est mise en veille. Après tout, je suis en vacances.

    Jeune, déboussolé et fauché, Jacob saute sans le savoir sur le convoi ferroviaire du Plus Grand Spectacle du Monde. A ses côtés, nous découvrons ce petit univers si particulier, hermétique à des yeux étrangers, où la vie d'un homme, surtout s'il fait partie des travailleurs manuels, n'a aucune valeur à côté de celle des artistes et surtout, de celle des animaux qui font la fortune ou la ruine du cirque. Où les pires monstres ne sont pas forcément ceux qui s'exhibent sous la tente des phénomènes.

    J'ai adoré ce livre, juste comme ça, sans chercher de bonne raison. Parce que l'histoire d'amour avec la belle Marlène n'était pas mièvre. Parce qu'il sonnait juste, peut-être, qu'on y sentait la présence discrète d'une auteure bien documentée qui s'est appuyée, elle le dit elle-même, sur des anecdotes véridiques. Petit plus, les chapitres du roman (éd. Livre de Poche) sont agrémentés de photographies d'époque.

    Je m'y suis sentie, dans ce cirque. J'ai été souvent émue et chaque fois d'une façon différente, je ne me suis pas ennuyée une seconde. Ce que j'ai particulièrement apprécié, c'est de n'être presque jamais sous le grand chapiteau, mais autour, dans l'ombre, la sueur et la misère. La vue des coulisses... C'est autre chose.

    Je recommande chaudement à ceux qui aiment à la fois l'Histoire, en plan rapproché, cadrée sur une portion restreinte et négligée de l'humanité et les bons récits, sans surprise excessive, mais sans faiblesse.

    Idéal pour offrir.

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